Toespraak Timmermans (BZ) bij de openingvan de Franse ambassade

Toespraak van minister Timmermans (BZ) bij de opening van de Franse ambassade (alleen in Frans beschikbaar).

V.l.n.r.

Excellences, mesdames et messieurs,

J’ai écouté avec grande attention ce qu’a dit Laurent, et je suis impressionné par son analyse.

J’aurais beaucoup à y ajouter, mais je veux partager avec vous quelques impressions personnelles qui touchent à mon attachement à la France.

Pourquoi suis-je un peu de l’école d’Albert Camus, qui a dit : « Ma patrie, c’est la langue française », c’est parce que ma ville natale, c’est Maastricht ; cela commence par ça. À Maastricht, la langue française est greffée sur le néerlandais. Une cravate, à Maastricht, s’appelle « krevat », une assiette se dit « teleur », une fourchette… « forsjet » et une ambassade… ambassade. Donc là, déjà…

Ensuite, mon école maternelle se trouve à L’Hay-les-Roses, près de Paris, parce que mon père est allé travailler à la résidence de l’ambassadeur [des Pays-Bas] quand j’avais trois ans. Après j’ai fait des études en France. J’ai toujours été attaché à la langue française, et la littérature française m’a formé aux valeurs que nous partageons.

Je vois ici, c’est un grand symbole, la Déclaration universelle des droits de l’homme ; c’est bien l’ambassade de France, on le voit.

Je me souviens d’une visite de François Mitterrand avant son élection à la Présidence de la République. Il était venu voir Joop den Uyl, leader de mon parti à l’époque [parti travailliste]. Ils se connaissaient très bien. C’était un déjeuner à la hollandaise, donc les sandwiches ont été mis sur la table, le lait aussi, et ils ont eu une discussion très fructueuse. Ce déjeuner terminé, Den Uyl, qui était à l’époque Vice-Premier ministre, a demandé à François Mitterrand : « Est-ce que tu rentres tout de suite à Paris ? » Mitterrand a répondu : « Oui, après le déjeuner. »

On a vu aussi notre Reine, qui termine bientôt son règne remarquable, recevoir en 1984, pour sa première visite d’État, le président Mitterrand. Et je vous assure qu’une grande amitié s’est formée entre ces deux personnalités jusqu’à la mort du président français. Étudiant à l’époque, je me souviens que l’ambassadeur de France m’avait invité au théâtre pour voir Carmen, de Bizet. C’est un moment que je n’oublierai jamais. Surtout le fait d’être au théâtre, moi étudiant, avec une cravate ; bien sûr j’y suis un peu plus habitué maintenant. Mais là, nous étions en train de bavarder et, au moment où la porte s’est ouverte, nous avons vu entrer la reine et le président de la République… silence total !

C’est simplement pour vous dire que les relations entre nos deux pays sont d’une importance primordiale. En Europe, un accord entre les Pays-Bas et la France mène très souvent à un accord européen. Parce que nos positions sont très souvent différentes, mais, combinées l’une à l’autre, elle peuvent constituer une position européenne. Nous avons et nous partageons un destin européen, nous aurons toujours besoin d’ambassades bilatérales, parce qu’il faut qu’on se parle, qu’on soit en mesure de promouvoir nos intérêts économiques. Il faut aussi que nos concitoyens puissent recevoir à l’étranger le soutien de leur patrie : pour les Français, à l’ambassade de France à La Haye, pour les Néerlandais, à l’ambassade des Pays-Bas à Paris.

Je veux vous dire que notre destin restera européen, que nous voulons une Europe performante, une Europe où les jeunes ne restent pas sans emploi, où ils ont un avenir, où ils peuvent être optimistes sur leur capacité à créer une Europe pacifique, qui donne encore, comme depuis la Révolution française, l’exemple au reste du monde en termes de valeurs, d’universalité des droits de l’homme. Nous avons vocation à œuvrer pour les droits de l’homme au Mali, en Syrie, partout dans le monde où l’on en a besoin. Tel est le devoir qui nous a été transmis par des générations de Français et de Néerlandais depuis le XVIIe siècle. Nous devons faire le nécessaire pour que nos enfants puissent être fiers de nos deux pays, de nos deux cultures et de nos deux héritages.

Il me reste à vous féliciter pour ce beau bâtiment. Le ministre néerlandais de la Sécurité et de la Justice vous offre ces locaux, plus ou moins. Il a fait éditer un petit bouquin retraçant l’histoire de cet immeuble, et, cher Laurent, je voudrais te le remettre en son nom et te féliciter pour cette belle ambassade.